Aller au contenu

Page:Le conseiller des femmes, 7 - 1833.pdf/2

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
98

de l’utilité de l’instruction, peuple trop souvent les pensions et livre les jeunes filles aux leçons toujours dangereuses d’un professeur. Oui, elles sont dangereuses les leçons données par l’homme[1].

Du moment que des livres ont été mis entre les mains d’une jeune fille, les pourquoi se pressent sur les lèvres et se succèdent dans l’imagination. Alors souvent les détours maladroits du professeur ou bien ses explications prétendues philosophiques, éclairent d’une fausse lumière la jeune fille, et l’amènent insensiblement à vouloir comparer entre eux les préjugés et les vérités. Si elle a entendu quelques-unes de ces discussions que les pères ne sont pas toujours assez sages pour se garder de soutenir devant leurs enfans, le doute se glisse dans son ame, et le professeur, honnête homme du reste, sème à loisir l’ivraie dans le champ préparé pour donner plus tard de riches moissons.

Mais, que sera-ce d’une élève confiée à l’un de ces hommes pour qui le savoir rend douteuses les lois universelles de la morale dont ils nient l’existence, faute d’en trouver en eux-mêmes non l’intelligence, mais le sentiment ? Sous prétexte de fortifier l’esprit et la raison, ces hommes-là saperont toutes les croyances. Sans doute ils ne pensent pas mal faire, et cependant ils font un mal irréparable. Si la tolérance du monde épargne l’homme dans ses erreurs, le monde n’a pas de tolérance pour la femme ; c’est une chose qu’il faut lui rappeler sans cesse, et cette chose importante est justement celle que, sans le vouloir, sans y songer, l’homme le plus honnête lui apprend à dédaigner. L’homme se

  1. C’est une Parisienne qui parle, et à Paris presque toutes les leçons sont données par des hommes dans les pensionnats de jeunes filles.