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Page:Le conseiller des femmes, 7 - 1833.pdf/3

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met et doit se mettre peut-être au dessus de l’opinion publique ; il a pour lui les lois, les mœurs, l’usage, la prévention générale ; prédominé par le sentiment de la liberté, il est nécessairement un mauvais instituteur pour la jeune fille et pour la femme ; il se trouve tout naturellement en opposition avec une mère pénétrée de la pensée de ses devoirs ; au lieu que l’institutrice, quelle qu’elle puisse être, sait deviner le point où ses leçons doivent s’arrêter ; femme, elle ménage cette pudeur délicate de l’ame, cette timidité de pensée dans lesquelles toutes les femmes puisent un sentiment si profond et si vrai de leur dignité ; elle sait glisser sur ce qu’il serait dangereux de laisser remarquer, ou bien elle se sert habilement, pour fortifier ou développer le sens moral, de ce que le professeur, le plus homme de bien, ferait servir, à son insu, à l’altérer : car l’éducation, pour la femme surtout, doit toujours marcher de front avec l’instruction ; ce qui, malheureusement, n’a pas encore lieu dans les pensions, où sont élevées les jeunes filles, pas plus que dans les colléges : L’instruction ne peut donc compenser ce qu’elle enlève à l’éducation ; il y a donc irréflexion et danger à confier l’esprit et l’ame d’une jeune fille au professeur le plus probe ; les femmes seules peuvent donc élever des femmes ?

Aux femmes, comme aux peuples, les hommes parlent beaucoup aujourd’hui de leurs droits : nul ne songe à leur parler de leurs devoirs, si ce n’est lorsque les propagateurs de la liberté s’épouvantent eux-mêmes des résultats possibles de leurs travaux ; alors reparaissent les railleries ou l’injustice ; alors on trouve très-convenable qu’il y ait des prolétaires et des couvens, de la misère et de l’ignorance, des patriciens et des