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Page:Le conseiller des femmes, 7 - 1833.pdf/6

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de son mari, s’il meurt sans laisser d’enfant ; et que, dans aucun cas, elle ne peut devenir héritière, que si le mari n’a point légué à l’abandon et à l’opprobre quelqu’enfant naturel !

Où sont inscrits nos droits ? nulle part, et partout une main de fer a inscrit notre abaissement et nos devoirs ! Et aujourd’hui, en raillant, l’homme parle de l’émancipation des femmes ! Et il affecte de croire que l’instruction seule leur manque ; et quelques-uns s’imaginent trouver des sujets d’alarme pour l’avenir, dans ce grand mouvement intellectuel qui s’opère partout, et auquel nous prenons part, autant que nous le permettent les mille entraves opposées toutes à la fois ou l’une après l’autre, aux élans de l’ame, aux efforts de l’intelligence, au développement de la raison, enfin, à ce qui distingue l’espèce humaine de la brute !

Le mal n’est pas dans notre ignorance, puisque notre ignorance nous cache du moins tant de révoltans abus de la force ; le mal n’est point dans le manque d’instruction, puisque sans instruction la femme trouve en elle-même non-seulement la connaissance ou si l’on veut, l’instinct de ses devoirs, mais encore le courage de porter à la fois le fardeau des peines de la vie, des souffrances morales et physiques, de l’injustice, du despotisme, et des consolations à donner à celui qui l’opprime, quand sa force musculaire à lui et sa force intellectuelle si supérieures lui manquent à l’aspect du malheur ; le mal est dans l’oubli des principes d’une liberté sage qui repose sur les droits et les devoirs.

Aujourd’hui, l’homme tout préoccupé de ses droits, oublie parfois ses devoirs ; la femme long-temps préoccupée de ses devoirs, a long-temps oublié ses droits. Peu à peu nous sommes sorties, comme le peuple,