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LE DERNIER.

pas craindre de manquer de foi à ceux qui n’ont pas de foi, et qu’en pareil cas, selon le conseil de l’apôtre, on doit employer la ruse, qui mérite alors le nom de prudence. »

« Que le Ciel me pardonne, » s’écria Alfar, « d’avoir cru que la robe fait le moine, et que la parole de Dieu était la seule qui pût sortir d’une bouche sacrée ! Un agent du St.-Père vient nous parler de promesses faibles et dictées par la ruse !… Ce langage m’est inconnu ; toute promesse a dû sortir de la bouche d’un homme loyal, ou de celle d’un traître. Il y a des hommes loyaux qui ne sont pas chrétiens, soit ; mais y a-t-il un seul traître qui puisse se dire serviteur de Jésus-Christ ? Se parjure qui voudra ; Dieu a mis en mon âme l’horreur d’une telle infamie ; et je ne consentirai jamais à la partager, fût-ce avec le St.-Père lui-même. »

Ces paroles mirent le trouble dans le banc des prélats. Plusieurs quittèrent leurs sièges, et la délibération fut interrompue.