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DES TRENCAVELS.

et nous vivons ici sous le poids des terreurs et des soucis les plus accablans. Peut être avez-vous ignoré, peut-être ne vous souvient-il plus que, par la volonté absolue de mon père, l’aîné de ses fils est seul appelé à l’héritage de ses fiefs, et que mes autres frères et moi nous avons été condamnés à prendre l’habit monastique qu’il a bien fallu supporter. Je fus destiné au monastère de St.-Antonin-de-Fredelas(3), et l’on a su m’y conduire malgré moi. J’aimais Anaïs et j’avais son amour. Les premiers jeux de notre enfance avaient fait naître ce penchant qui nous attachait l’un à l’autre. Les feux d’une volupté précoce dont ma jeunesse fut embrasée passèrent dans le cœur et dans les sens de mon amante ; mais pendant que je m’y livrais avec tous les charmes de l’abandon, elle avait de fréquens accès de mélancolie, et ne s’en préservait que par l’ardeur de ses sentimens et la force de son caractère.

« Je crois inutile de vous dire par quels moyens je lui fus arraché ; je ne puis