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DES TRENCAVELS.

que notre amour était privé de tout espoir, et j’avais résolu de mourir ; mais sache, homme malheureux, ou coupable, que ma vie n’est plus à moi ; un autre toi-même est dans mon sein ; et, puisque je dois vivre comme mère, j’ai résolu de tout hasarder comme épouse. » — Pourrais-je vous exprimer tout ce que la surprise, l’amour, le charme de la paternité, l’ivresse des sens, me firent éprouver en ce moment ? Je voulais franchir à l’instant la barrière qui me séparait d’Anaïs.

« Elle avait prévu mon emportement et mon défaut de prudence. Son messager ne voulut que deux lignes écrites de ma main, et promit de revenir. J’écrivis à Anaïs :

« Je ne puis faire de vœux qu’à toi ! sois mon épouse et ma divinité ! » Le lendemain le messager revint, et me remit, avec des instructions relatives aux moyens de sortir pendant la nuit de l’enceinte du couvent, des habits propres à me déguiser. J’en fis l’essai la nuit suivante, et je crus commencer une nouvelle vie, en me trou-