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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/115

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les aventures de hassân al-bassri
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comment voulez-vous que Hassân parvienne jusqu’à la princesse Splendeur, fille de leur puissant roi ? » Les cheikhs répondirent : « Vénérable père, tu as raison, qui peut le nier ? Mais ce jeune homme t’a été particulièrement recommandé par notre frère, l’honorable et illustre cheikh Abd Al-Kaddous, et tu ne peux ne point accueillir favorablement ses intentions ! »

Et Hassân, de son côté, en entendant ces paroles, se jeta aux pieds du cheikh, se couvrit la tête du pan de son manteau et, lui entourant les genoux de ses bras, le conjura de lui rendre son épouse et ses enfants. Et il baisa également les mains de tous les cheikhs, qui joignirent leurs prières aux siennes en suppliant leur maître à tous, le cheikh Père-des-Plumes, d’avoir pitié de l’infortuné jeune homme ! Et le cheikh Ali répondit : « Par Allah ! moi, de ma vie, je n’ai vu quelqu’un mépriser l’existence aussi résolument que ce jeune Hassân ! Il ne sait ce qu’il désire ni ce qui l’attend, ce téméraire ! Mais enfin, je veux bien faire pour lui tout ce qui dépendra de moi ! »

Ayant ainsi parlé, le cheikh Ali Père-des-Plumes réfléchit une heure de temps, au milieu de ses vieux disciples respectueux ; puis il releva la tête et dit à Hassân : « Avant tout, je vais te donner quelque chose qui te sauvegardera en cas de danger ! » Et il s’arracha de la barbe une touffe de poils, à l’endroit où ils étaient le plus longs, et les remit à Hassân en lui disant…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.