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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/128

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les mille nuits et une nuit

Aussi Hassân, pour n’être point obligé de regarder plus longtemps ce visage, se couvrit les yeux avec le pan de son vêtement. Et la vieille prit ce geste pour un grand signe de respect, se persuadant que Hassân ne le faisait que pour ne point paraître insolent en la regardant face à face ; et elle fut touchée à l’extrême de cette marque de respect et lui dit : « Ô étranger, calme ton inquiétude. Dès ce moment tu es sous ma protection ! Et je te promets mon assistance dans tout ce dont tu auras besoin ! » Puis elle ajouta : « Mais, avant toute chose, il faut que personne ne te voie dans cette île ! Et, dans ce but, et bien que je sois impatiente de connaître ton histoire, je vais courir t’apporter les objets nécessaires pour te déguiser en amazone, afin que tu ne puisses plus désormais être différencié d’avec les jeunes vierges guerrières, gardiennes du roi et des filles du roi ! » Et elle s’en alla, pour revenir au bout de quelques instants avec une cuirasse, un sabre, une lance, un casque et d’autres armes en tous points semblables à celles que portaient les amazones. Et elle les donna à Hassân qui s’en couvrit. Alors elle le prit par la main et le conduisit sur un rocher qui s’élevait au bord de la mer, et, s’y étant assise avec lui, lui dit : « Maintenant, ô étranger, hâte-toi de me raconter la cause qui t’a poussé jusque vers ces îles où nul adamite avant toi n’a osé aborder ! » Et Hassân répondit, après l’avoir remercié pour ses bontés : « Ô ma maîtresse, mon histoire est celle d’un malheureux qui a perdu le seul bien qu’il possédât, et qui parcourt la terre dans l’espoir de le retrouver ! » Et il lui raconta ses aventures sans omettre un dé-