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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/129

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les aventures de hassân al-bassri
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tail. Et la vieille amazone lui demanda : « Et comment s’appelle l’adolescente, ton épouse, et comment s’appellent tes enfants ? » Il dit : « Dans mon pays mes enfants s’appelaient Nasser et Manssour, et mon épouse s’appelait Splendeur ! Mais j’ignore quel nom ils portent dans le pays des genn ! » Et Hassân, ayant fini de parler, se mit à pleurer d’abondantes larmes.

Lorsque la vieille eut entendu cette histoire de Hassân et vu sa douleur, elle fut tout à fait gagnée par la compassion, et lui dit : « Je te fais le serment, ô Hassân, qu’une mère ne s’intéresse pas à son enfant plus que je ne veux m’intéresser à ton sort. Et puisque tu dis que ton épouse se trouve peut-être au milieu de mes amazones, je vais, dès demain, te les faire voir toutes nues dans la mer. Et je les ferai ensuite défiler devant toi une à une, pour que tu me dises si tu reconnais ton épouse parmi elles ! »

Ainsi parla la vieille Mère-des-Lances à Hassân Al-Bassri. Et elle le tranquillisa, en lui affirmant qu’ils ne manqueraient pas, par ce stratagème, de découvrir l’adolescente Splendeur ! Et elle passa cette journée-là avec lui, et le promena à travers l’île, en lui en faisant admirer toutes les merveilles. Et elle finit par l’aimer d’un grand amour, et elle lui disait : « Calme-toi, mon enfant ! Je t’ai mis dans mes yeux ! Et si même tu me demandais, pour ton plaisir, toutes mes guerrières, qui sont des jeunes filles vierges, je te les donnerais de tout cœur amical ! » Et Hassân lui répondait : « Ô ma maîtresse, moi, par Allah ! je ne te quitterai que lorsque mon âme me quittera ! »