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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/131

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les aventures de hassân al-bassri
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comme des tours. Et le gonflement des vagues continua le gonflement de leurs croupes vierges. Et elles étaient comme des corolles effeuillées sur les eaux.

Mais parmi tant de visages de lune et de tailles flexibles, d’yeux noirs et de dents blanches, de cheveux de couleurs différentes et de croupes de bénédiction, Hassân eut beau regarder, il ne reconnut point l’incomparable beauté de sa bien-aimée Splendeur. Et il dit à la vieille : « Ô ma bonne mère, Splendeur n’est point parmi elles ! » Et la vieille cavalière répondit : « Qui sait, mon fils ? peut-être que l’éloignement ne te permet pas de bien juger ! » Et elle frappa dans ses mains, et toutes les adolescentes sortirent de l’eau et vinrent se ranger sur le sable, humides encore de pierreries. Et, l’une après l’autre, flexibles et balancées, elles passèrent devant la roche ou se tenait Hassân avec la Mère-des-Lances, n’ayant sur elles, pour toutes armures, que leurs cheveux épars dans le dos, et lourdes seulement des joyaux de leur chair nue.

C’est alors, ô Hassân, que tu vis ce que tu vis ! Ô lapins de toutes les couleurs et de toutes les variétés entre les cuisses des adolescentes filles de rois ! Vous étiez gras, vous étiez ronds, vous étiez dodus, vous étiez blancs, vous étiez comme des dômes, vous étiez gros, vous étiez voûtés, vous étiez hauts, vous étiez unis, vous étiez bombés, vous étiez fermés, vous étiez intacts, vous étiez comme des trônes, vous étiez comme des mulets, vous étiez lourds, vous étiez lippus, vous étiez muets, vous étiez comme des nids, vous étiez sans oreilles, vous étiez chauds, vous étiez comme des tentes, vous étiez sans poils, vous aviez