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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/142

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les mille nuits et une nuit


MAIS LORSQUE FUT
LA SIX CENT DIXIÈME NUIT

Elle dit :

… Alors la vieille, bien que terrifiée, se jeta aux pieds de sa maîtresse, et prit le pan de sa robe dont elle se couvrit la tête, et lui dit : « Ô grande reine, par mes titres de nourrice qui t’a élevée, ne te hâte point de le châtier, d’autant que tu sais maintenant que c’est un pauvre étranger, qui a affronté bien des périls et éprouvé bien des tribulations ! Et ce n’est que grâce à la longue vie que lui a octroyée le destin, qu’il a pu résister aux tourmentes traversées. Et il est plus grand et plus digne de ta noblesse, ô reine, de lui pardonner, et de ne point violer à ses dépens les droits de l’hospitalité ! De plus, considère que c’est l’amour seul qui l’a jeté dans cette entreprise fatale, et que l’on doit beaucoup pardonner aux amoureux. Enfin, ô ma reine et la couronne sur notre tête, sache que si j’ai osé venir te parler de cet adolescent si beau, c’est que nul comme lui, parmi les fils des hommes, ne sait construire les vers et improviser des odes. Et, pour contrôler mon dire, tu n’auras qu’à lui montrer ton visage à découvert, et tu verras comme il saura célébrer ta beauté ! » À ces paroles de la vieille, la reine sourit et dit : « En vérité, il ne manquait plus que cela pour que la