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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/141

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les aventures de hassân al-bassri
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Je sens l’ivresse de l’air envahir mon âme, et il faut que je m’envole dans l’espace ! » Ainsi parla mon épouse ! Et elle s’envola ! Et depuis lors le monde est noir devant mes yeux, et ma poitrine est habitée par la désolation ! » La princesse Nour Al-Houda répondit, en hochant la tête : « Par Allah ! il est certain que si ton épouse ne voulait plus te revoir, elle n’aurait pas révélé à ta mère l’endroit où elle allait ! Mais, d’un autre côté, si elle t’aimait véritablement, elle ne t’aurait pas ainsi abandonné ! » Hassân jura alors, par les plus grands serments, que son épouse l’aimait véritablement, qu’elle lui avait donné mille preuves de son affection et de son dévouement, mais qu’elle n’avait pu résister à l’appel de l’air et à celui de son instinct originel, qui est le vol des oiseaux ! Et il ajouta : « Ô reine, je t’ai raconté ma triste histoire ! Et me voici devant toi, suppliant ta clémence de me pardonner ma démarche audacieuse, et de m’aider à retrouver mon épouse et mes enfants ! Par Allah sur toi, ô ma souveraine, ne me repousse pas ! »

Lorsque la princesse Nour Al-Houda eut entendu ces paroles de Hassân, elle réfléchit pendant une heure de temps ; puis elle releva la tête et dit à Hassân : « J’ai beau réfléchir sur le genre de supplice que tu as mérité, je n’en trouve pas un qui soit suffisant pour punir ta témérité ! » Alors la vieille, bien que terrifiée, se jeta aux pieds de sa maîtresse, et prit le pan de sa robe dont elle se couvrit la tête, et lui dit : « Ô grande reine…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.