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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/146

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les mille nuits et une nuit

mais mes regards ne s’arrêtaient que sur sept pierres précieuses qui brillaient au milieu de tout le reste, d’un éclat splendide. Mais c’était la plus petite qui était la plus belle et la plus attirante. Aussi, pour la mieux admirer et la mettre à l’abri des regards, je la pris dans ma main, la serrai contre mon cœur, et, l’ayant emportée, je sortis du trésor. Et comme je la tenais devant mes yeux, sous les rayons du soleil, soudain un oiseau d’une espèce extraordinaire, et comme on n’en voit jamais dans nos îles, fondit sur moi, m’arracha la pierre précieuse et s’envola. Et moi je restai plongé dans la stupeur et dans la plus vive douleur. Et, à mon réveil, après toute une nuit de tourments, je fis venir les interprètes des songes et leur demandai l’explication de ce que j’avais vu dans mon sommeil. Et ils me répondirent : « Ô notre roi, les sept pierres précieuses sont tes sept filles, et la pierre la plus petite, enlevée par l’oiseau d’entre tes mains, c’est ta fille la plus petite qui doit être ravie par la force à ton affection ! » Or moi, ma fille, j’ai bien peur maintenant de te laisser t’éloigner avec tes sœurs et la Mère-des-Lances pour aller chez ta grande sœur Nour Al-Houda ; car je ne sais point ce qui peut t’arriver de fâcheux en voyage, soit à l’aller soit au retour ! » Et Splendeur (car c’était elle-même, l’épouse de Hassân) répondit : « Ô mon souverain et père, ô grand roi, tu n’ignores pas que ma sœur la grande, Nour Al-Houda, a préparé pour moi une fête, et m’attend avec la plus vive impatience. Et voilà déjà plus de deux ans que je pense toujours à aller la voir, sans que la chose me soit permise ; et maintenant elle doit avoir toutes