Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
les aventures de hassân al-bassri
151

jeune fille, il répondit à sa fille aînée que toute punition serait légère en comparaison du forfait, et qu’il fallait mettre à mort la coupable, mais qu’il abandonnait tout de même le soin d’exécuter cet ordre à sa sagesse et à sa justice.

Or, pendant que Splendeur, livrée de la sorte entre les mains de sa sœur, gémissait attachée par les cheveux sur l’échelle, et attendait le supplice, Hassân, qui avait été jeté sur la plage, finit par revenir de son évanouissement, mais ce fut pour penser à la gravité de son malheur, dont il ne soupçonnait point d’ailleurs toute l’étendue. Que pouvait-il encore espérer ? Maintenant que nulle puissance ne pouvait le secourir, que pouvait-il tenter, et comment essaierait-il de sortir de cette île maudite ? Et il se leva, en proie au désespoir, et se mit à errer le long de la mer, espérant encore trouver quelque remède à ses maux. Et c’est alors que lui vinrent à la mémoire ces vers du poète :

Quand tu n’étais qu’une germe dans le sein de ta mère, j’ai formé ta destinée dans le sens de Ma Justice et l’ai dirigée dans le sens de Ma Vision.

Laisse donc, ô créature, les événements suivre leur cours : tu ne peux t’y opposer.

Et si l’adversité fond sur la tête, laisse à ton destin le soin de l’en détourner.

Ce précepte de sagesse ranima quelque peu le courage de Hassân, qui continua à errer à l’aventure sur la plage, essayant de deviner ce qui avait pu arriver pendant son évanouissement, et pourquoi il