Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
les mille nuits et une nuit

les mit à califourchon chacun sur une épaule. Puis, sans être vue de personne, Splendeur réussit à prendre trois manteaux de plumes, tout neufs ; et ils s’en vêtirent. Puis ils se tinrent tous trois par la main et, quittant sans regret les îles Wak-Wak, ils s’envolèrent vers Baghdad.

Or, Allah leur écrivit la sécurité et, après un voyage par petites étapes, ils arrivèrent un matin dans la Ville de Paix. Et ils atterrirent sur la terrasse de leur demeure, et descendirent l’escalier et pénétrèrent dans la salle où se tenait la pauvre mère de Hassân, que les chagrins et les inquiétudes avaient depuis longtemps rendue infirme et presque aveugle. Et Hassân écouta un instant à la porte, et entendit à l’intérieur la pauvre femme qui gémissait et se désespérait. Alors il frappa, et la voix de la vieille demanda : « Qui est à la porte ? » Hassân répondit : « Ô ma mère, c’est le destin qui veut réparer ses rigueurs ! »

À ces mots, la mère de Hassân, ne sachant encore si c’était une illusion ou la réalité, courut sur ses pauvres jambes ouvrir la porte. Et elle vit son fils Hassân avec son épouse et ses enfants, et la vieille amazone qui restait derrière eux, discrètement. Et, l’émotion étant trop forte pour elle, elle tomba évanouie dans leurs bras. Et Hassân la fit revenir en la baignant de ses larmes, et la pressa tendrement sur son sein. Et Splendeur s’avança aussi vers elle et la combla de mille caresses, en lui demandant pardon de s’être laissé vaincre par son instinct originel. Puis ils firent avancer la Mère-des-Lances et la lui présentèrent comme leur protectrice et la cause de leur