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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/177

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le diwan des gens hilares… (ruse…)
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ma maîtresse, la chose n’est pas faisable d’ici ce soir ! » Elle dit : « Je te paierai tout ce que tu voudras ! » Il dit : « Dans ce cas, elle sera prête. Mais, comme prix, je ne demande de toi ni or ni argent, ô ma maîtresse, mais seulement ce que tu sais ! Entre donc dans la pièce du fond, afin que je puisse causer avec toi ! » À ces paroles du menuisier l’adolescente répondit : « Ô menuisier de bénédiction, quel homme sans tact tu es ! Par Allah ! est-ce que cette misérable pièce du fond de ta boutique peut convenir à une causerie du genre de celle que tu voudrais causer ? Viens plutôt ce soir dans ma maison, une fois que tu auras envoyé l’armoire, et tu me verras prête à causer avec toi jusqu’au matin ! » Et le menuisier répondit : « De tout cœur amical et comme hommages dus ! » Et l’adolescente continua : « Oui ! mais ce n’est plus une armoire à quatre étages qu’il te faudra faire, mais une à cinq ! Car c’est bien à cinq étages qu’il me la faut, pour y serrer tout ce que j’ai à serrer ! » Et, après lui avoir donné son adresse, elle le quitta et rentra chez elle.

Là, elle sortit d’un coffre cinq robes de formes et de couleurs différentes, les rangea soigneusement, et fit apprêter les mets et les boissons, et ranger les fleurs et brûler les parfums. Et elle attendit de la sorte l’arrivée de ses invités.

Or, vers le soir, les portefaix du menuisier apportèrent l’armoire en question ; et l’adolescente la fit placer dans la salle de réunion. Puis elle congédia les portefaix, et, avant qu’elle eût le temps d’essayer les cadenas de l’armoire, on frappa à la porte. Et, bientôt après, le premier des invités entra, qui était