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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/178

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les mille nuits et une nuit

le wali de la ville. Et elle se leva en son honneur, et embrassa la terre entre ses mains et le fit asseoir, et lui présenta les rafraîchissements. Puis elle se mit à couler de son côté des yeux longs d’un empan, et à lui lancer des regards brûlants, si bien que le wali se leva sur son séant, et, avec force gestes et tremblements, voulut la posséder à l’instant. Mais l’adolescente, se désenlaçant, lui dit : « Ô mon maître, que tu manques de raffinement ! Commence d’abord par te déshabiller pour être libre de tes mouvements ! » Et le wali dit : « Il n’y a pas d’inconvénient ! » Et il enleva ses vêtements. Et elle lui présenta, comme on fait d’ordinaire dans les festins des libertins, à la place de ses habits de couleur sombre, une robe de soie jaune et de forme extraordinaire, et un bonnet de la même couleur. Et le wali s’affubla de la robe jaune et du bonnet jaune, et s’apprêta à s’amuser. Mais, au même moment, on frappa à la porte, avec violence. Et le wali demanda, fort désappointé : « Attends-tu quelque voisine ou quelque pourvoyeuse ? » Elle répondit, terrifiée : « Non, par Allah ! mais j’avais oublié que mon époux revenait ce soir même de voyage ! Et c’est lui-même qui frappe à la porte en ce moment ! » Il demanda : « Et alors, moi, que vais-je devenir ? El que me faut-il faire ? » Elle dit : « Il n’y a pour toi qu’un moyen de salut, c’est d’entrer dans cette armoire ! » Et elle ouvrit la porte du premier étage de l’armoire, et dit au wali : « Entre là-dedans ! » Il dit : « Et comment m’y prendrais-je ? » Elle dit : « En t’y accroupissant ! » Et le wali, ployé en deux, entra dans l’armoire, et s’y accroupit. Et l’adolescente ferma la