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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/180

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les mille nuits et une nuit

Allah ! cet étage-là peut me contenir et quatre autres encore plus gros que moi ! » Elle dit : « Essaie, pour voir, d’y entrer ! « Et le menuisier, grimpant sur des tabourets superposés, pénétra dans le cinquième étage, où aussitôt il fut enfermé à clef.

Aussitôt l’adolescente, prenant le billet que lui avait donné le kâdi, s’en fut trouver les gardiens de la prison, qui, sur le vu du cachet apposé au bas de l’écriture, relâchèrent le jouvenceau. Alors elle et lui regagnèrent la maison en grande hâte et, dans la joie de fêter leur réunion, ils copulèrent ferme et longtemps, avec beaucoup de bruit et de halètements. Et, au dedans de l’armoire, les cinq enfermés entendaient tout cela, mais n’osaient et ne pouvaient bouger. Et, accroupis les uns au-dessus des autres dans les étages, ils ne savaient quand ils allaient pouvoir être délivrés.

Or, lorsque l’adolescente et le jouvenceau eurent fini leurs ébats, ils ramassèrent dans la maison tout ce qu’ils purent ramasser en fait de choses précieuses, enfermèrent cela dans des coffres, vendirent tout le reste, et quittèrent cette ville-là pour une autre ville et un autre royaume. Et voilà pour eux !

Mais pour ce qui est des cinq, voici ! Au bout de deux jours qu’ils étaient là, ils furent pris tous les cinq d’un pressant besoin de pisser. Et le premier qui pissa fut le menuisier. Et, pissant ainsi, l’urine tomba sur la tête du roi. Et le roi, au même moment, pissa sur la tête de son vizir, qui pissa sur la tête du kâdi, lequel pissa sur la tête du wali. Alors tous élevèrent la voix, excepté le roi et le menuisier, en criant : « Ô souillure ! » Et le kâdi reconnut la