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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/179

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le diwan des gens hilares… (ruse…)
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porte à clef, et alla ouvrir à celui qui frappait.

Or c’était le kâdi. Et elle le reçut comme elle avait reçu le wali, et, au moment qu’il fallait, l’affubla d’une robe rouge de forme extraordinaire, et d’un bonnet de la même couleur ; et, comme il voulait foncer sur elle, elle lui dit : « Non, par Allah ! pas avant que tu m’aies écrit un billet pour ordonner l’élargissement de mon frère ! » Et le kâdi lui écrivit le billet en question, et le lui remit au moment même où l’on entendit frapper à la porte. Et l’adolescente, d’un air terrifié, cria : « C’est mon époux qui revient de voyage ! » et fit grimper le kâdi dans le second étage de l’armoire, et alla ouvrir à celui qui frappait à la porte de la maison.

Et c’était précisément le vizir. Et il lui arriva ce qui était arrivé aux deux autres ; et, affublé d’une robe verte et d’un bonnet vert, il fut poussé dans le troisième étage de l’armoire, au moment où arrivait à son tour le roi de la ville. Et le roi, de la même façon, fut affublé d’une robe bleue et d’un bonnet bleu, et, au moment où il voulait faire ce pour quoi il était venu, la porte résonna, et, devant la terreur de l’adolescente, il fut bien obligé de grimper dans le quatrième étage de l’armoire, où il s’accroupit dans une position fort pénible, vu qu’il était bien dodu.

Alors entra le menuisier, avec des yeux dévorateurs et, pour prix de l’armoire, il voulut immédiatement foncer sur l’adolescente. Mais elle lui dit : « Ô menuisier, pourquoi as-tu fait si petit le cinquième étage de l’armoire ! c’est à peine si on peut y enfermer le contenu d’un petit coffre ! » Il dit : « Par