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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/185

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histoire du dormeur éveillé
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mois, afin de voir et d’examiner avec ses propres yeux ce qui se passait dans Baghdad. Et Aboul-Hassân, en le voyant, fut loin de deviner qui il était ; et il se leva de l’endroit où il était assis et s’avança vers lui et, après le salam le plus gracieux et le souhait de bienvenue, il lui dit : « Ô mon maître, bénie soit ton arrivée parmi nous ! Fais-moi la grâce d’accepter pour cette nuit mon hospitalité, au lieu d’aller dormir au khân. Et demain matin il sera temps pour toi de chercher à ton aise un logement ! » Et, pour le décider à accepter son offre, il lui raconta, en quelques mots, qu’il avait depuis longtemps l’habitude de donner l’hospitalité pour une nuit seulement au premier étranger qu’il voyait passer sur le pont. Puis il ajouta : « Allah est généreux, ô mon maître ! Dans ma maison tu trouveras large hospitalité, pain chaud et vin clarifié ! »

Lorsque le khalifat eut entendu les paroles d’Aboul-Hassân, il trouva l’aventure si étrange et Aboul-Hassân si singulier, qu’il n’hésita pas un instant à satisfaire son envie de le connaître. Aussi, après s’être laissé prier un moment, pour la forme seulement et pour n’avoir pas l’air d’être un homme mal élevé, il accepta l’offre en disant : « Sur ma tête et sur mon œil ! qu’Allah augmente ses bienfaits sur toi, ô mon maître. Me voici prêt à te suivre ! » Et Aboul-Hassân montra le chemin à son hôte et l’emmena à sa maison, tout en causant avec lui fort agréablement.

Or, la mère de Hassân, ce soir-là, avait préparé une cuisine excellente. Elle leur servit d’abord des galettes grillées au beurre et farcies de viande hachée