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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/195

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histoire du dormeur éveillé
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nage du palais, de ne jamais parler de ce que nous venons de dire sous l’influence de la boisson ! » Et le khalifat, pour ne point désobliger son hôte, lui dit : « Je jure que je ne parlerai de la chose à personne ! » Mais, à part lui, il se promit de ne point laisser passer cette occasion de se divertir comme jamais il ne l’avait fait depuis le temps qu’il parcourait sa ville, déguisé sous toutes sortes de déguisements. Et il dit à Aboul-Hassân : « Ô mon hôte, il faut maintenant qu’à mon tour je te verse à boire ; car jusqu’à présent c’est toi-même qui prenais la peine de me servir ! » Et il prit la bouteille et la coupe, versa du vin dans la coupe, en y glissant adroitement une pincée de bang crétois de qualité pure, et offrit la coupe à Aboul-Hassân, en lui disant : « Que cela te soit sain et délicieux ! » Et Aboul-Hassân répondit : « Peut-on refuser la boisson que nous offre la main de l’invité ! Mais, par Allah sur toi, ô mon maître, comme je ne pourrai demain matin me lever pour t’accompagner hors de ma maison, je te prie de ne pas oublier, en sortant, de bien fermer la porte derrière toi ! » Et le khalifat le lui promit également. Aboul-Hassân, tranquille de ce côté-là, prit la coupe et la vida d’un seul trait. Mais aussitôt le bang fit son effet, et Aboul-Hassân roula à terre, la tête avant les pieds, d’une façon si rapide que le khalifat se mit à rire. Après quoi il appela l’esclave qui était resté à ses ordres, et lui dit : « Charge cet homme sur ton dos, et suis-moi ! » Et l’esclave obéit et, chargeant Aboul-Hassân sur son dos, il suivit le khalifat qui lui dit : « Rappelle-toi bien l’emplacement de cette maison, afin que tu puisses y retourner quand