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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/197

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histoire du dormeur éveillé
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Lorsqu’ils furent partis, Al-Rachid se tourna vers Giafar et vers le porte-glaive Massrour, qui étaient restés dans la chambre, et leur dit : « Vous avez entendu mes paroles. Eh bien ! demain il faudra que vous soyez les premiers levés et arrivés dans cette chambre, pour être aux ordres de mon remplaçant que voici ! Et ne soyez étonnés d’aucune des choses qu’il vous dira ; et faites semblant de le prendre pour moi-même, quoi qu’il puisse vous dire pour vous tirer de votre erreur simulée. Et faites des libéralités à tous ceux qu’il vous indiquera, dussiez-vous épuiser tous les trésors du royaume ; et récompensez, et punissez, et pendez, et tuez, et nommez, et destituez, exactement selon ce qu’il vous dira de faire. Et vous n’avez point besoin, pour cela, de venir auparavant me consulter. D’ailleurs, je serai moi-même caché à proximité, et je verrai et j’entendrai tout ce qui va se passer ! Et, surtout, faites en sorte qu’il ne puisse point se douter un moment que tout ce qui lui arrive n’est qu’un divertissement combiné par mes ordres ! C’est tout ! Et qu’il en soit ainsi ! » Puis il ajouta : « Ne manquez pas toutefois, une fois que vous serez réveillés, de venir me tirer moi aussi de mon sommeil, à l’heure de la prière du matin…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.