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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/206

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les mille nuits et une nuit

chaque figure, Giafar s’avança, suivi des principaux dignitaires, tous vêtus d’habits splendides ; et, arrivés devant le trône, ils se prosternèrent la face contre terre, et restèrent dans cette posture jusqu’à ce qu’il leur eût ordonné de se relever. Alors Giafar tirade dessous son manteau un grand paquet qu’il déplia et dont il tira une liasse de papiers qu’il se mit à lire l’un après l’autre, et qui étaient les requêtes ordinaires. Et Aboul-Hassân, bien qu’il ne se fût jamais trouvé à même d’entendre de pareilles affaires, ne fut pas un instant embarrassé ; et il se prononça sur chacune des affaires qui lui étaient soumises avec tant de tact et de justice, que le khalifat, qui était venu se cacher derrière un rideau dans la salle du trône, fut tout à fait émerveillé.

Lorsque Giafar eut fini son rapport, Aboul-Hassân lui demanda : « Où est le chef de la police ? » Et Giafar lui désigna du doigt Ahmad-la-Teigne, chef de la police, et lui dit : « C’est celui-ci, ô émir des Croyants ! » Et le chef de la police, se voyant désigné, sortit aussitôt de la place qu’il occupait, et s’approcha gravement du trône, au pied duquel il se prosterna la face contre terre. Et Aboul-Hassân, après lui avoir permis de se relever, lui dit : « Ô chef de la police, prends avec toi dix gardes, et va à l’instant dans tel quartier, telle rue, telle maison ! Là tu trouveras un horrible cochon qui est le cheikh-al-balad du quartier, et tu te trouveras assis entre ses deux compères, deux canailles non moins ignobles que lui. Saisis-toi de leurs personnes, et commence, pour les habituer à ce qu’ils vont subir, par