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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/205

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histoire du dormeur éveillé
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l’habillement et qui lui enlevèrent ses effets de nuit et lui présentèrent le bassin d’or, rempli d’eau de roses, pour ses ablutions. Et lorsqu’il se fut lavé, en reniflant avec délices l’eau parfumée, ils le vêtirent des habits royaux, le coiffèrent du diadème, et lui remirent en mains le sceptre d’or.

À cette vue, Aboul-Hassân pensa : « Voyons ! Suis-je ou ne suis-je pas Aboul-Hassân ? » Et il réfléchit un instant et, d’un ton résolu, il cria à haute voix, de façon à être entendu de toute l’assistance : « Je ne suis pas Aboul-Hassân ! Que l’on empale celui qui dit que je suis Aboul-Hassân ! Je suis Haroun Al-Rachid en personne ! »

Et, ayant prononcé ces paroles, Aboul-Hassân, d’un ton de commandement aussi assuré que s’il fût né sur le trône, ordonna : « Marchez ! » Et aussitôt le cortège se forma ; et Aboul-Hassân, se plaçant le dernier, suivit le cortège qui le conduisit dans la salle du trône. Et Massrour l’aida à monter sur le trône, où il s’assit aux acclamations de tous les assistants. Et il posa le sceptre sur ses genoux, et regarda autour de lui. Et il vit tout le monde rangé en bon ordre dans la salle aux quarante portes ; et il vit les gardes aux glaives brillants, et les vizirs, et les émirs, et les notables, et les représentants de tous les peuples de l’empire, et d’autres encore, en foule innombrable. Et il reconnut, dans la masse silencieuse, des figures qu’il connaissait bien : Giafar le vizir, Abou-Nowas, Al-Ijli, Al-Rakashi, Ibdân, Al-Farazadk, Al-Lauz, Al-Sakar, Omar Al-Tartis, Abou-Ishak, Al-Khalia et Jadim.

Or, pendant qu’il promenait ainsi ses regards sur