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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/215

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histoire du dormeur éveillé
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des musiciennes et des chanteuses se faisaient entendre, qui étaient invisibles à l’œil du spectateur ; et devant les plateaux étaient debout sept adolescentes, non point vêtues de lourdes robes comme leurs sœurs des autres salles, mais simplement enveloppées d’une chemise de soie ; et elles étaient de couleurs différentes et d’aspect différent : la première était brune, la seconde noire, la troisième blanche, la quatrième blonde, la cinquième grasse, la sixième maigre, et la septième rousse. Et Aboul-Hassân les examina avec d’autant plus de plaisir et d’attention qu’il pouvait aisément juger de leurs formes et de leurs appas, sous la transparence de l’étoffe légère. Et ce fut avec un plaisir extrême qu’il les invita à s’asseoir autour de lui et à lui verser à boire. Et il se mit à demander son nom à chaque adolescente à son tour, à mesure qu’elle lui présentait la coupe. Et chaque fois qu’il vidait une coupe, il prenait de l’adolescente soit un baiser, soit une morsure, soit un pincement de fesse. Et il continua à jouer de la sorte avec elles, jusqu’à ce que l’enfant héritier se fût mis à crier. Alors, pour l’apaiser, il demanda aux sept adolescentes : « Par ma vie ! qui de vous veut se charger de cet enfant encombrant ! » Et les sept adolescentes, à cette demande, pour toute réponse, se jetèrent toutes à la fois sur le nourrisson, et voulurent lui donner à téter. Et chacune le tirait à elle de côté et d’autre, en riant et en poussant des cris, si bien que le père de l’enfant ne sachant plus qui entendre ni qui exaucer, le rentra dans son sein, en disant : « Il s’est rendormi ! »

Tout cela !