Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
les mille nuits et une nuit

Et le khalifat, qui suivait partout Aboul-Hassân et se dissimulait derrière les rideaux, jubilait en silence de ce qu’il voyait et entendait, et bénissait la destinée qui l’avait mis sur le chemin d’un homme tel que celui-ci. Mais, sur ces entrefaites, l’une des adolescentes, qui avait reçu de Giafar les instructions nécessaires, prit une coupe et y jeta adroitement une pincée de la poudre soporifique que le khalifat avait employée la nuit précédente pour endormir Aboul-Hassân. Puis elle tendit en riant la coupe à Aboul-Hassân, et lui dit : « Ô émir des Croyants, je te supplie de boire encore cette coupe qui peut-être réveillera le cher enfant ! » Et Aboul-Hassân, éclatant de rire, répondit : « Hé, ouallah ! » et il prit la coupe que lui tendait l’adolescente, et la but d’un seul coup. Puis il se tourna pour parler à celle qui lui avait servi à boire, mais il ne put qu’ouvrir la bouche en bégayant, et roula sur lui-même, la tête avant les pieds.

Alors le khalifat, qui s’était diverti de tout cela à la limite du divertissement, et qui n’attendait plus que ce sommeil d’Aboul-Hassân, sortit de derrière le rideau, ne pouvant plus se tenir debout à force d’avoir ri. Et il se tourna vers les esclaves accourus et leur ordonna de dépouiller Aboul-Hassân des habits royaux dont ils l’avaient revêtu le matin, et de le vêtir de ses habits ordinaires. Et lorsque cet ordre fut exécuté, il fit appeler l’esclave qui avait enlevé Aboul-Hassân, et lui ordonna de le recharger sur ses épaules, de le transporter à sa maison, et de le coucher sur son lit. Car le khalifat se dit en lui-même : « Si cela dure davantage, ou bien je vais mourir de