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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/218

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les mille nuits et une nuit

peu fatigué ! Mais aujourd’hui l’enfant se porte bien ! »

Et il attendit un moment. Mais comme personne ne répondait ni n’accourait à sa voix, il fut courroucé et, ouvrant les yeux, il se mit sur son séant. Et il se vit alors dans sa chambre, plus du tout dans le palais somptueux qu’il avait habité la veille, et où il avait commandé en maître à toute la terre. Et il s’imagina qu’il était sous l’effet d’un rêve, et, pour le dissiper, il se mit à crier de toutes ses forces : « Eh bien, Giafar, ô fils de chien, et toi, Massrour, l’entremetteur, où êtes-vous ? »

À ses cris, la vieille mère accourut, et lui dit : « Qu’as-tu, mon fils ? Le nom d’Allah sur toi et autour de toi ! Quel rêve fais-tu, ô mon fils, ô Aboul-Hassân ? » Et Aboul-Hassân, indigné de voir la vieille à son chevet, lui cria : « Qui es-tu, vieille femme ? Et qui ça, Aboul-Hassân ? » Elle dit : « Allah ! Je suis ta mère ! Et tu es mon fils, tu es Aboul-Hassân, ô mon enfant ! Quelles paroles étranges n’ai-je pas entendues de ta bouche ? Tu as l’air de ne pas me reconnaître ! » Mais Aboul-Hassân lui cria : « Arrière, ô maudite vieille ! Tu parles à l’émir des Croyants, le khalifat Haroun Al-Rachid ! Va-t’en de devant la face du vicaire d’Allah sur la terre ! » À ces paroles, la pauvre vieille se mit à se donner de grands coups sur la figure, en s’écriant : « Le nom d’Allah sur toi, ô mon enfant ! De grâce, n’élève pas la voix pour dire de pareilles folies ! Les voisins vont l’entendre, et nous serons perdus sans recours ! Puisse la sécurité et le calme descendre sur ta raison ! » Aboul-Hassân s’écria : « Je te dis de sortir à