Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
les mille nuits et une nuit

fait calmé. Et, après avoir séché ses larmes, elle s’apprêtait à lui apporter à manger et à l’interroger sur les détails du rêve étrange qu’il venait de faire, quand Aboul-Hassân qui, depuis un moment, regardait fixement devant lui, bondit soudain comme un fou et, saisissant la pauvre femme par ses vêtements, se mit à la secouer en lui criant : « Ah ! infâme vieille, si tu ne veux pas que je t’étrangle, tu vas me dire à l’instant quels sont les ennemis qui m’ont détrôné, et quel est celui qui m’a enfermé dans cette prison, et qui tu es toi-même qui me gardes dans ce misérable taudis ! Ah ! crains les effets de ma colère, quand je reviendrai sur le trône ! Redoute la vengeance de ton auguste souverain, le khalifat que je reste, moi, Haroun Al-Rachid ! » Et, la secouant, il finit par la lâcher de ses mains. Et elle alla s’effondrer sur la natte, en sanglotant et en se lamentant. Et Aboul-Hassân, à la limite de la rage, se rejeta dans son lit, et se tint la tête dans les mains, en proie au tumulte de sa pensée.

Mais, au bout d’un certain temps, la vieille se releva et, comme son cœur était tendre pour son fils, elle n’hésita pas à lui apporter, bien qu’en tremblant, un peu de sirop à l’eau de roses, et le décida à en prendre une gorgée, et lui dit, pour le faire changer d’idée : « Écoute, mon fils, ce que j’ai à te raconter ! C’est une chose qui, j’en suis persuadée, va te faire un bien grand plaisir. Sache, en effet, que le chef de la police est venu hier, de la part du khalifat, arrêter le cheikh-al-balad et ses deux compères ; et qu’après leur avoir fait donner à chacun quatre cents coups de bâton sur la plante des pieds, il les a