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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/229

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histoire du dormeur éveillé
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aidé par sa mère, et y resta couché plusieurs jours, jusqu’à ce que les forces lui fussent revenues, et que les effets des coups reçus se fussent un peu amendés.

Alors, comme il commençait à s’ennuyer de sa solitude, il se décida à reprendre sa vie d’autrefois, et à aller, vers le coucher du soleil, s’asseoir au bout du pont pour attendre l’arrivée de l’hôte étranger que pouvait lui envoyer la destinée.

Or, précisément, ce soir-là était le premier du mois ; et le khalifat Haroun Al-Rachid, qui, selon son habitude se déguisait en marchand au commencement de chaque mois, était sorti en secret de son palais, à la recherche de quelque aventure, et aussi pour voir par lui-même si le bon ordre régnait dans la ville comme il le souhaitait. Et il arriva de la sorte sur le pont, à l’extrémité duquel était assis Aboul-Hassân. Et Aboul-Hassân, qui guettait l’apparition des étrangers, ne fut pas long à apercevoir le marchand de Mossoul, qu’il avait déjà hébergé, et qui s’avançait de son côté, suivi, comme la première fois d’un grand esclave.

À cette vue, Aboul-Hassân, soit parce qu’il considérait le marchand de Mossoul comme la cause première de ses malheurs, soit parce qu’il avait pour habitude de ne jamais faire semblant de reconnaître les personnes qu’il avait invitées chez lui, se hâta de tourner la tête dans la direction du fleuve, pour n’être point obligé de saluer son ancien hôte. Mais le khalifat, qui, par ses espions, avait appris tout ce qui était arrivé à Aboul-Hassân depuis son absence, et le traitement qu’il avait subi à l’hôpital des fous,