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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/236

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les mille nuits et une nuit

s’étaient trouvées dans les différentes salles traversées par Aboul-Hassân, ainsi que toutes les musiciennes et les chanteuses. Et il les fit ranger en bon ordre, et leur donna ses instructions. Puis, après avoir fait respirer un peu de vinaigre à Aboul-Hassân, qui aussitôt rendit par le nez un peu de pituite en éternuant, il se cacha derrière le rideau, et donna le signal convenu.

Aussitôt les chanteuses mêlèrent en chœur leurs voix délicieuses au son des harpes, des flûtes et des hautbois, et firent entendre un concert semblable au concert des anges dans le paradis. Et Aboul-Hassân, à ce moment, sortit de son assoupissement, et, avant que d’ouvrir les yeux, il entendit cette musique pleine d’harmonie qui acheva de l’éveiller. Et il ouvrit alors les yeux et se vit environné par les vingt-huit adolescentes qu’il avait rencontrées dans les quatre salles, sept par sept ; et il les reconnut en un clin d’œil, ainsi que le lit, la chambre, les tentures et les ornements. Et il reconnut également les mêmes voix qui l’avaient charmé les premières fois. Et alors il se leva, les yeux écarquillés, sur son séant, et passa à plusieurs reprises la main sur son visage, pour bien s’assurer de son état de veille.

À ce moment, ainsi qu’il avait été d’avance convenu, le concert cessa et un grand silence régna dans la chambre. Et toutes les dames baissèrent modestement les yeux devant les yeux augustes qui les regardaient. Alors Aboul-Hassân, à la limite de la stupéfaction, se mordit les doigts et s’écria, au milieu du silence : « Malheur à toi, ya Aboul-Hassân, ô fils de ta mère ! Maintenant, c’est l’illusion ; mais