Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du dormeur éveillé
241

donc Canne-à-Sucre aime ces choses-là, et que, en outre, elle soit sensible et ne dise jamais non à ce que tu sais, ô ma maîtresse, je consens à l’aimer d’un grand amour. Sinon, par Allah ! je reste célibataire ! » Et Sett-Zobéida, à ces paroles, se tourna en riant vers Canne-à-Sucre, et lui demanda : « Tu as entendu… Qu’as-tu à répondre ? » Et Canne-à-Sucre répondit en faisant avec la tête un signe qui signifiait oui.

Alors, le khalifat fit venir, sans tarder, le kâdi et les témoins qui écrivirent le contrat de mariage. Et, à cette occasion, on donna au palais de grands festins et de grandes réjouissances, pendant trente jours et trente nuits, au bout desquels les deux époux purent jouir l’un de l’autre, en toute tranquillité. Et ils passaient leur vie à manger, à boire et à rire aux éclats, en dépensant sans compter ! Et les plateaux des mets, des fruits, des pâtisseries et des boissons n’étaient jamais vides dans leur maison, et la joie et les délices marquaient tous leurs instants. Aussi, au bout d’un certain temps, à force de dépenser leur argent en festins et en divertissements, il ne leur resta plus rien entre les mains. Et, comme le khalifat, à cause du souci des affaires, avait oublié de fixer des émoluments réguliers à Aboul-Hassân, ils se réveillèrent un matin dénués de tout argent, et ne purent, ce jour-là, régler les traiteurs qui leur faisaient toutes les avances. Et ils se trouvèrent bien malheureux, et n’osèrent, par discrétion, alla demander quoique ce fût au khalifat ou à Sett Zobéida. Alors ils baissèrent la tête et se mirent à réfléchir sur la situation. Mais, le premier,