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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/265

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histoire du dormeur éveillé
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pleures et tu t’évanouis, et de la sorte tu penses avoir raison ! » Et Sett Zobéida répondit : « Et toi tu penses avoir raison contre moi parce que ce maudit esclave t’a menti ! » Et elle ajouta : « Oui ! mais où sont les serviteurs d’Aboul-Hassân ? Qu’on aille vite me les chercher ! Et ils sauront bien nous dire, puisque ce sont eux qui ont enseveli leurs maîtres, quel est d’entre les deux époux celui qui est mort le premier, et quel est celui qui est mort de douleur ! » Et le khalifat dit : « Tu as raison, ô fille de l’oncle ! Et moi, par Allah ! je promets dix mille dinars d’or à celui qui m’annoncera cette nouvelle ! »

Or, à peine le khalifat avait-il prononcé ces paroles, qu’une voix se fit entendre de dessous le linceul de droite, qui disait : « Que l’on me compte les dix mille dinars ! J’annonce à notre maître le khalifat que c’est moi, Aboul-Hassân, qui suis mort le second, de douleur certainement ! »

À cette voix, Sett Zobéida et les femmes, saisies d’épouvante, poussèrent un grand cri en se précipitant vers la porte, tandis que, au contraire, le khalifat, qui avait de suite compris le tour joué par Aboul-Hassân, était pris d’un tel rire qu’il se renversait sur le derrière, au milieu de la salle, et s’écriait : « Par Allah, ya Aboul-Hassân, c’est moi maintenant qui vais mourir, à force de rire ! »

Puis, lorsque le khalifat eut fini de rire et que Sett Zobéida fut revenue de sa terreur, Aboul-Hassân et Canne-à-Sucre sortirent de leur linceul et, au milieu de l’hilarité générale, se décidèrent à raconter le motif qui les avait poussés à faire cette plaisanterie. Et Aboul-Hassân se jeta aux pieds du khalifat ; et