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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/272

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les mille nuits et une nuit

longtemps que tes fleurs languiront de se savoir si belles !

Et que tes possesseurs vivent dans la sérénité aussi longtemps que tes arbres verront mûrir leurs fruits, et que dans la voûte des cieux luiront de nouvelles étoiles !

Il arriva de la sorte au-dessous du troisième arceau, où il put lire ces vers gravés en caractères d’azur ultra-marin :

Ô maison du luxe et de la gloire, puisses-tu t’éterniser dans ta beauté, sous la chaude lumière et sous les ténèbres douces, malgré le temps et les mobilités !

Or, ayant franchi ce troisième arceau, il arriva au bout de l’allée ; et, devant lui, au pied des degrés de marbre lavé qui conduisaient à la demeure, il vit une jouvencelle qui devait être âgée de plus de quatorze ans, mais qui, sans aucun doute, n’avait pas atteint la quinzième année. Et elle était étendue sur un tapis de velours et appuyée sur des coussins. Et quatre autres jouvencelles l’entouraient et étaient à ses ordres. Et elle était belle et blanche comme la lune, avec des sourcils déliés aussi délicats qu’un arc formé de musc précieux, des yeux grands et noirs chargés de massacres et d’assassinats, une bouche de corail aussi petite qu’une noix muscade, et un menton qui disait à la perfection : « Me voici ! » Et certes elle eût embrasé d’amour, par tant de charmes, les cœurs les plus froids et les plus endurcis.

Aussi, le bel Anis s’avança vers la belle jouven-