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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/273

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les amours de zein al-mawassif
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celle, s’inclina jusqu’à terre, porta sa main à son cœur, à ses lèvres et à son front, et dit : « Le salam sur toi, ô souveraine des pures ! » Mais elle lui répondit : « Comment as-tu osé, ô jeune impertinent, entrer dans un endroit défendu et qui ne t’appartient pas ! » Il répondit : « Ô ma maîtresse, la faute n’est point à moi, mais à toi et à ce jardin ! Par la porte à moitié ouverte j’ai vu ce jardin avec ses parterres de fleurs, ses jasmins, ses myrtes et ses violettes, et j’ai vu tout le jardin avec ses parterres et ses fleurs s’incliner devant la lune de beauté assise ici même où tu te trouves ! Et mon âme n’a pu résister au désir qui la poussait à venir s’incliner et rendre hommage avec les fleurs et les oiseaux ! » Et la jouvencelle se mit à rire et lui dit : « Comment t’appelles-tu ? » Il dit : « Ton esclave Anis, ô ma maîtresse ! » Elle dit : « Tu me plais infiniment, ya Anis ! Viens t’asseoir à côté de moi ! »

Elle le fit donc s’asseoir à côté d’elle et lui dit : « Ya Anis, j’ai bien envie de me distraire un peu ! Sais-tu jouer aux échecs ? » Il dit : « Oui, certes ! » Et elle fit signe à l’une des jeunes filles, qui aussitôt leur apporta un échiquier d’ébène et d’ivoire, aux coins d’or, dont les pions étaient rouges et blancs, les pions rouges taillés dans le rubis et les pions blancs taillés dans le cristal de roche. Et elle lui demanda : « Veux-tu les rouges ou les blancs ? » Il répondit : « Par Allah, ô ma maîtresse, je prendrai les blancs, car les rouges sont de la couleur des gazelles et, sous ce rapport et bien d’autres encore, ils te conviennent parfaitement ! » Elle dit : « Cela peut être ! » Et elle se mit à ranger les pions. Et le jeu commença.