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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/292

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les mille nuits et une nuit

soir. Mais ce fut en vain. Alors il se décida à aller voir par lui-même la cause d’une pareille absence. Et il arriva de la sorte devant la porte d’entrée, et lut l’inscription que Zein Al-Mawassif y avait elle-même gravée. Et il en comprit le sens et, bouleversé, il se laissa tomber à terre, en proie au désespoir. Et lorsqu’il fut revenu un peu de l’émotion que lui causait ce départ de sa bien-aimée, il s’informa d’elle auprès des voisins. Et il apprit ainsi que le juif, son époux, l’avait emmenée avec ses suivantes et un grand nombre de paquets et de ballots, sur dix chameaux, avec des provisions pour un très long voyage.

À cette nouvelle, Anis se mit à rôder comme un insensé à travers les solitudes du jardin ; et il improvisa ces vers :

« Arrêtons-nous pour pleurer au souvenir de la bien-aimée, ici, où se limitent les arbres de son jardin, où s’élève sa chère maison, où ses traces, comme dans mon cœur, ne peuvent être effacées ni par les vents du nord ni par les vents du sud.

Elle est partie ! mais mon cœur est avec elle, attaché à l’aiguillon qui presse la marche des chameaux.

Ah ! viens, ô nuit, viens refroidir mes joues brûlantes et calmer les feux qui consument mon cœur.

Ô brise du désert ! toi dont le souffle est parfumé de son haleine, ne t’a-t-elle ordonné aucun collyre pour sécher mes larmes, aucun remède pour ranimer mon corps glacé ?

Hélas ! hélas ! le conducteur de la caravane a donné le signal du départ pendant les ténèbres de la nuit,