Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
les amours de zein al-mawassif
289

avant que le souffle du zéphyr matinal fût venu vivifier les vallons.

Les chameaux se sont agenouillés ; on a formé les ballots ; elle s’est placée dans la litière ; elle est partie.

Hélas ! elle est partie et m’a laissé égaré sur ses traces ! Je la suis de loin, en arrosant la poussière de mes larmes. »

Puis, comme il se laissait ainsi aller à ses réflexions et à ses souvenirs, il entendit croasser un corbeau qui avait son nid sur un des palmiers du jardin. Et il improvisa cette strophe :

« Ô corbeau ! que restes-tu faire dans le jardin de ma bien-aimée ? Viens-tu gémir, avec ta voix lugubre, sur les tourments de mon amour ! Hélas ! hélas ! cries-tu à mes oreilles ; et l’infatigable écho répète sans cesse : Hélas ! hélas ! »

Puis, Anis ne put plus résister à tant de peines et de tourments, et il s’étendit sur le sol et fut gagné par le sommeil. Et voici que sa bien-aimée lui apparut en songe ; et il se trouvait heureux avec elle ; et il la pressait dans ses bras, et elle, également. Mais soudain il se réveilla et l’illusion se dissipa. Et il ne put qu’improviser ces vers pour se consoler :

« Salut, image de la bien-aimée ! Tu m’apparais au milieu des ténèbres de la nuit, et tu viens un instant calmer la violence de mon amour.

Ah ! les songes sont le seul bonheur qui reste aux