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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/298

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les mille nuits et une nuit

Quant à Zein Al-Mawassif, elle baisa la main du wali et, accompagnée de ses quatre suivantes, Houboub, Khoutoub, Soukoub et Roukoub, elle regagna les tentes et ordonna aux chameliers de lever le campement et de se mettre en route pour le pays de son bien-aimé Anis.

Or, la caravane voyagea sans encombre, et, vers le soir du troisième jour, elle arriva à un monastère chrétien qui était habité par quarante moines et par leur patriarche. Et ce patriarche, qui s’appelait Danis, était justement assis devant la porte du monastère, pour respirer le frais, lorsque la belle jouvencelle vint à passer sur son chameau, la tête hors de la litière. Et le patriarche, à la vue de ce visage de lune, sentit se rajeunir sa vieille chair morte ; et il frémit dans ses pieds, dans son dos, dans son cœur et dans sa tête. Et il se leva de son siège et fit signe à la caravane de s’arrêter, et, s’inclinant jusqu’à terre devant la litière de Zein Al-Mawassif, invita l’adolescente à descendre se reposer avec toute sa troupe. Et il l’engagea vivement à passer la nuit au monastère, en lui assurant que les chemins étaient infestés, la nuit, de brigands coupeurs de routes. Et Zein Al-Mawassif ne voulut point refuser l’offre de cette hospitalité, même de la part de chrétiens et de moines, descendit de sa litière, et entra au monastère suivie de ses quatre compagnes.

Or, le patriarche Danis, embrasé d’amour par la beauté et les charmes de Zein Al-Mawassif…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.