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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/319

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histoire du jeune homme mou
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« Qu’on ramène les voiles ! » Et les marchands, fort surpris, lui demandèrent : « Quelle est l’affaire, ô cheikh Mouzaffar ? » Il dit : « Il faut que nous retournions en Chine ! » Et, à la limite de la stupéfaction, ils lui demandèrent : « Pourquoi cela, ô cheikh Mouzaffar ? » Il dit : « Sachez donc que j’ai oublié d’acheter la commande de marchandises pour laquelle Abou-Môhammad-les-Os-Mous m’avait donné les cinq drachmes d’argent ! » Et les marchands lui dirent : « Par Allah sur toi, ô notre cheikh, ne nous oblige pas, après toutes les fatigues essuyées et les dangers courus et la déjà si longue absence de notre pays, à retourner en Chine pour si peu de chose ! » Il dit : « Il faut absolument que nous retournions en Chine ! Car ma foi est engagée par ma promesse à Abou-Môhammad et à sa pauvre mère, la femme de mon ami, le défunt ventouseur ! » Ils dirent : « Que cela ne t’arrête point, ô cheikh ! Car nous sommes disposés à te payer, chacun, cinq dinars d’or comme intérêts des cinq pièces d’argent que t’a remises Abou-Môhammad-les-Os-Mous ! Et tu lui donneras tout cet or à notre arrivée ! » Il dit : « J’accepte pour lui votre offre ! » Alors les marchands payèrent chacun cinq dinars d’or, en mon nom, au cheikh Mouzaffar, et continuèrent leur voyage.

Or, en cours de route, le navire s’arrêta, pour faire des provisions, à une île d’entre les îles. Et les marchands et le cheikh Mouzaffar descendirent se promener à terre. Et le cheikh, après s’être promené et avoir respiré l’air de cette île, retournait s’embarquer quand il vit, sur le bord de la mer, un marchand de singes qui avait une vingtaine de ces ani-