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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/320

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les mille nuits et une nuit

maux à vendre. Mais, parmi tous ces singes, il y en avait un qui était bien misérable d’aspect, pelé, grelottant et les larmes aux yeux. Et les autres singes, chaque fois que leur maître détournait la tête pour s’occuper des clients, ne manquaient pas de sauter sur leur misérable compagnon, et de le mordre et de le griffer et de lui pisser sur la tête. Et le cheikh Mouzaffar, qui avait le cœur compatissant, fut ému de l’état de ce pauvre singe et demanda au marchand : « À combien ce singe-là ? » Il dit : « Celui-là, ô mon maître, ne vaut pas cher. Je te le laisse, pour m’en débarrasser, à cinq drachmes seulement ! » Et le cheikh se dit : « C’est juste la somme que m’a donnée l’orphelin ! Et je vais lui acheter cet animal, afin qu’il puisse s’en servir pour le montrer dans les souks et gagner son pain et celui de sa mère ! » Et il paya les cinq drachmes au marchand, et fit prendre le singe par l’un des matelots du navire. Après quoi, il s’embarqua, avec ses compagnons les marchands, pour le départ.

Or, avant de mettre à la voile, ils virent des pêcheurs qui plongeaient jusqu’au fond de la mer, et sortaient, chaque fois, de l’eau en tenant dans leurs mains des coquillages remplis de perles. Et le singe vit cela également…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade, vit apparaître le matin et, discrète, se tut.