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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/324

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les mille nuits et une nuit

jardin. Puis il tua le coq et arrosa de son sang toutes les plumes. Et il prit le gésier du coq, le nettoya, et le posa au milieu du jardin. Après quoi…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.


MAIS LORSQUE FUT
LA SIX CENT SOIXANTE-ONZlÈME NUIT

— La petite Doniazade dit à sa sœur : « Ô ma sœur, de grâce ! hâte-toi de nous dire ce que fit le singe d’Abou-Môhammad, après qu’il eut planté les plumes du coq dans le jardin et les eut arrosées avec le sang du coq ! » El Schahrazade dit : « De tout cœur amical ! » Et elle continua ainsi :

… Le singe prit le gésier du coq, le nettoya, et le posa au milieu du jardin. Après quoi il alla devant chaque plume, fit claquer ses mâchoires en poussant quelques cris que je ne pus comprendre et revint près de moi, pour faire un saut prodigieux qui le souleva de terre et le fit disparaître à mes yeux, dans les airs. Et au même moment toutes les plumes du coq se changèrent, dans mon jardin, en arbres d’or avec des branches et des feuilles d’émeraudes et d’aigues-marines qui portaient, comme fruits, des rubis, des perles et toutes sortes de pierreries. Et le gésier du coq fut changé en ce pavillon merveilleux que je me suis permis de t’offrir, ô émir des Croyants, avec trois des arbres de mon jardin !