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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/323

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histoire du jeune homme mou
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Et moi, je te disais : « Celui qui m’a créé, me fera vivre ! » Et ma mère me répondit : « Tu as raison, mon fils ! Chacun porte sa destinée attachée à son cou, et, quoi qu’il fasse, il ne lui échappera pas ! » Puis elle m’aida à compter les perles et à les diviser suivant leur grosseur et leur beauté. Et moi, j’abandonnai la mollesse et la fainéantise, et je me mis à aller tous les jours au souk vendre les perles aux marchands. Et je fis un bénéfice immense qui me permit d’acheter des terres, des maisons, des boutiques, des jardins, des palais et des esclaves hommes, et des esclaves femmes et des jeunes garçons.

Or, le singe me suivait partout, et mangeait de ce que je mangeais et buvait de ce que je buvais, et ne me quittait jamais des yeux. Mais un jour, comme j’étais assis dans le palais que je m’étais fait bâtir, le singe me fit signe qu’il voulait un encrier, un papier et un calam. Et je lui apportai les trois choses. Et il prit le papier, qu’il posa sur sa main gauche, comme font les scribes, et prit le calam qu’il plongea dans l’encrier, et écrivit : « Ô Abou-Môhammad, va me chercher un coq blanc ! Et viens me rejoindre dans le jardin ! » Et moi, ayant lu ces lignes, j’allai chercher un coq blanc, et courus au jardin le donner au singe, que je trouvai tenant un serpent entre ses mains. Et il prit le coq et le lâcha sur le serpent. Et aussitôt les deux animaux luttèrent entre eux, et le coq finit par vaincre le serpent et par le tuer. Puis, contrairement à ce que font les coqs, il le dévora jusqu’au bout.

Alors le singe prit le coq, lui arracha toutes les plumes, et les planta l’une après l’autre dans le