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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/33

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les aventures de hassân al-bassri
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… et ils arrivèrent de la sorte chez la mère. Et Hassân pria le Persan d’attendre dans le vestibule, et, courant comme un jeune étalon qui bondit au printemps dans les prairies, il alla prévenir sa mère que le Persan était leur hôte. Et il ajouta : « Du moment qu’il va manger de notre nourriture, dans notre maison, il y aura entre nous le lien du pain et du sel, et tu ne pourras plus de la sorte avoir désormais l’esprit préoccupé à mon sujet. » Mais la mère répondit : « Qu’Allah nous protège, mon fils ! Le lien du pain et du sel est sacré chez nous ; mais ces Persans abominables, qui sont des adorateurs du feu, des pervertis, des parjures, ne le respectent guère ! Ah ! mon fils, quelle calamité nous poursuit ! » Il dit : « Lorsque tu auras vu ce vénérable savant, tu ne voudras plus le laisser partir de notre maison ! » Elle dit : « Non ! par la tombe de ton père, je ne resterai pas ici pendant le séjour de cet hérétique ! Et, lorsqu’il sera parti, je laverai les dalles de la chambre, et je brûlerai de l’encens, et je ne te toucherai pas toi-même pendant un mois entier, de peur de me souiller à ton contact ! » Puis elle ajouta : « Pourtant, comme il est déjà dans notre maison, et que nous avons de l’or qu’il nous a envoyé, je vais vous apprêter à tous deux de quoi manger, puis je me hâterai de m’en aller chez les voisins ! » Et, pendant que Hassân allait retrouver le Persan, elle tendit la nappe, et, après avoir fait de larges emplettes, elle leur mit sur les plateaux des poulets rôtis et des concombres et dix sortes de pâtisseries et de confitures, et se hâta d’aller se réfugier chez les voisins.