Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
les mille nuits et une nuit

Alors, Hassân introduisit son ami le Persan dans la salle du repas, et l’invita à prendre place, en lui disant : « Il faut qu’il y ait entre nous le lien du pain et du sel ! » Et le Persan répondit : « Certes ! ce lien-là est une chose inviolable ! » Et il s’assit à côté de Hassân, et se mit à manger avec lui, tout en causant. Et il lui disait : « Ô mon fils Hassân, par le lien sacré du pain et du sel, qui est maintenant entre nous, si je ne t’aimais d’un si vif amour, je ne t’apprendrais pas les choses secrètes pour lesquelles nous sommes ici ! » Et, ce disant, il tirait de son turban le petit paquet de poudre jaune et, le lui montrant, ajoutait : « Tu vois cette poudre-ci ! Eh bien ! sache qu’au moyen d’une seule pincée, tu peux changer en or dix okes de cuivre. Car cette poudre n’est autre que l’elixir quintessencié, solidifié et pulvérisé que j’ai retiré de la substance de mille simples et de mille ingrédients plus compliqués les uns que les autres. Et je ne suis arrivé à cette découverte qu’à la suite de travaux et de fatigues que tu connaîtras un jour ! » Et il remit le petit paquet à Hassân, qui se mit à le regarder avec une telle attention, qu’il ne vit point le Persan retirer vivement de son turban un morceau de bang crétois et le mélanger à une pâtisserie. Et le Persan offrit la pâtisserie à Hassân qui, tout en continuant à regarder la poudre, l’avala pour rouler aussitôt à la renverse, sans connaissance, sa tête précédant ses pieds !

Aussitôt, le Persan, poussant un cri de triomphe, sauta sur ses deux pieds, disant : « Ah ! charmant Hassân, que d’années déjà je te cherche sans te