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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/37

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les aventures de hassân al-bassri
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coffre, c’était réellement un magicien fort redoutable ; et il s’appelait Bahram le Guèbre, de son métier alchimiste. Et, chaque année, il choisissait parmi les fils des musulmans un adolescent bien fait, pour l’enlever et faire avec lui ce que le poussait à faire sa mécréantise, sa perversion et sa race maudite ; car, comme a dit le Maître des proverbes, c’était « un chien, fils de chien, petit-fils de chien ; et tous ses ancêtres étaient des chiens ! Comment alors aurait-il été autre chose qu’un chien, ou fait autre chose que les actions d’un chien ? » Or donc, pendant tout le temps que dura le voyage par mer, il descendait une fois par jour au fond du navire, là où se trouvait le coffre, soulevait le couvercle et donnait à manger et à boire à Hassân, en lui mettant lui-même les aliments à la bouche, tout en le laissant toujours dans un état de somnolence. Et, lorsque le navire fut arrivé au but du voyage, il fit débarquer le coffre et descendit lui-même à terre, tandis que le navire regagnait le large.

Alors le magicien Bahram ouvrit le coffre, défit les liens de Hassân et détruisit l’effet du bang en lui faisant respirer du vinaigre et en lui jetant dans les narines de la poudre d’anti-bang. Et Hassân recouvra aussitôt l’usage de ses sens, et regarda à droite et à gauche ; et il se vit étendu sur un rivage marin dont les galets et le sable étaient colorés en rouge, en vert, en blanc, en bleu, en jaune et en noir ; et il reconnut par là que ce n’était point le rivage de sa mer natale. Alors, bien étonné de se voir en ce lieu qu’il ne connaissait pas, il se leva et vit, assis derrière lui sur un rocher, le Persan qui le regardait