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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/42

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les mille nuits et une nuit

un être humain ! » Et il se mit à marcher dans cette direction, en s’enfonçant au milieu de cette plaine où il n’y avait, pour toute présence, que la présence d’Allah ! Et, en s’approchant du but, il finit par distinguer que la flamme étincelante n’était que l’éclat, sous le soleil, d’un palais d’or au dôme d’or supporté par quatre hautes colonnes d’or.

À cette vue, Hassân se demanda : « Quel roi ou quel genni peut bien habiter dans de tels lieux ? » Et, comme il était bien fatigué de toutes les émotions qu’il venait d’avoir et de la longue marche qu’il venait de faire, il se dit : « Je vais, à la grâce d’Allah, entrer dans ce palais et demander au portier de me donner un peu d’eau et quelque nourriture, pour ne pas mourir de faim. Et, si c’est un homme de bien, il me logera peut-être pour une nuit dans un coin ! » Et, se liant à la destinée, il arriva devant la grande porte, qui était taillée dans un bloc d’émeraude, et, franchissant le seuil, il pénétra dans la cour d’entrée.

Or, à peine Hassân avait-il fait quelques pas dans cette première cour, qu’il aperçut, assises sur un banc de marbre, deux jeunes filles, éblouissantes de beauté, qui jouaient aux échecs. Et, comme elles étaient très attentives à leur jeu, elles ne remarquèrent pas d’abord l’entrée de Hassân. Mais la plus jeune, entendant le bruit des pas, releva la tête et vit le beau Hassân qui s’était également arrêté, en les apercevant. Et elle se leva vivement et dit à sa sœur : « Regarde, ma sœur, le beau jeune homme ! Ce doit être certainement l’infortuné que le magicien Bahram amène chaque année sur la Montagne-des-Nuages ! Mais comment a-t-il pu faire pour échap-