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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/43

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les aventures de hassân al-bassri
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per d’entre les mains de ce démon ? » À ces paroles, Hassân, qui n’osait d’abord bouger de sa place, s’avança vers les jeunes filles, et, se jetant aux pieds de la plus jeune, s’écria : « Oui, ô ma maîtresse, je suis cet infortuné-là ! » Et la jeune fille, de voir à ses pieds cet adolescent si beau qui avait des gouttes de larmes sur le bord de ses yeux noirs, fut émue jusque dans ses entrailles ; et elle se leva, avec un visage compatissant, et dit à sa sœur, en lui montrant le jeune Hassân : « Sois témoin, ma sœur, que dès cet instant je jure, devant Allah et devant toi, que j’adopte ce jeune homme pour mon frère, et que je veux partager avec lui les plaisirs et les joies des beaux jours et les peines et les afflictions des jours moins heureux ! » Et elle prit la main de Hassân et l’aida à se relever et l’embrassa comme une sœur aimante embrasse son frère chéri. Puis, le tenant toujours par la main, elle le conduisit dans l’intérieur du palais où, avant toute chose, elle commença par lui donner, au hammam, un bain qui le rafraîchit parfaitement ; ensuite, elle le revêtit d’habits magnifiques, en jetant ses vieux effets salis par le voyage, et, aidée de sa sœur qui était venue les rejoindre au hammam, elle le conduisit dans sa propre chambre, en le soutenant sous un bras, tandis que sa sœur le soutenait sous l’autre. Et les deux jeunes filles invitèrent leur jeune hôte à s’asseoir entre elles deux pour prendre quelque nourriture. Après quoi, la plus jeune lui dit : « Ô mon frère bien-aimé, ô le chéri, toi dont la venue fait danser de joie les pierres de la demeure…