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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/46

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les mille nuits et une nuit

grande honte sur la tête du roi, si ses filles vieillissaient avec leur virginité ! Et puis, par Allah ! quel dommage pour leur jeunesse ! » Mais notre père répondit : » J’aime mieux les voir mourir que de les marier ! » Et il ajouta : « Si tout de suite vous ne m’indiquez l’endroit que je vous demande, votre tête sautera de votre cou ! » Alors les vizirs répondirent : « En ce cas, ô roi, sache qu’il y a un endroit tout trouvé pour mettre tes filles à l’abri : c’est la Montagne-des-Nuages, qui, dans les temps anciens, était habitée par les éfrits rebelles aux ordres de Soleïmân. Là s’élève un palais d’or, bâti autrefois par les éfrits rebelles, pour leur servir de refuge, mais qui depuis lors fut abandonné et reste désert. Et la région où il est situé est favorisée d’un climat admirable et abondante en arbres, en fruits et en eaux délicieuses plus fraîches que la glace et plus douces que le miel ! » À ces paroles, notre père se hâta de nous envoyer ici avec une escorte formidable de genn et de mareds qui, une fois qu’ils nous eurent mises en sûreté, s’en retournèrent au royaume de notre père.

« Or, nous, dès notre arrivée, nous vîmes qu’en effet cette contrée, isolée de toutes les créatures d’Allah, était une contrée fleurie, riche en forêts, en pâturages luisants, en vergers et en sources d’eaux vives qui y coulaient avec abondance, semblables à des colliers de perles et à des lingots d’argent ; que les ruisseaux se poussaient les uns les autres pour regarder et pour mirer les fleurs qui leur souriaient ; que l’air était charmé de gazouillis et de parfums ; que les pigeons à collier et les tourterelles psalmo-