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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/53

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les aventures de hassân al-bassri
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troubler la paix délicieuse de ces lieux, quand, tout à coup, il vit se détacher sur le ciel et se rapprocher visiblement du lac un vol de grands oiseaux. Et voici qu’ils vinrent s’abattre sur le bord de l’eau ; et ils étaient au nombre de dix ; et leurs belles plumes blanches et touffues traînaient sur l’herbe, tandis qu’en marchant ils se balançaient avec nonchalance. Et ils semblaient obéir, en tous leurs mouvements, à un oiseau plus grand et plus beau qu’eux tous qui lentement s’était dirigé vers l’estrade et était monté sur le trône. Et, soudain, tous les dix ensemble, d’un gracieux mouvement, se dépouillèrent de leurs plumes. Et, ce manteau rejeté, il en sortit dix lunes de pure beauté, sous la forme de dix jeunes filles toutes nues. Et, rieuses, elles sautèrent dans l’eau qui les reçut avec un éclaboussement de pierreries. Et elles se baignèrent avec délices, en folâtrant entre elles ; et la plus belle les poursuivait, les attrapait et s’enlaçait à elles avec mille caresses, et les chatouillait et les mordait avec quels rires et quelles câlineries !

Lorsque leur bain fut terminé, elles sortirent du lac ; et la plus belle remonta sur l’estrade et alla s’asseoir sur le trône, n’ayant pour tout vêtement que sa chevelure. Et Hassân, en contemplant ses charmes, sentit sa raison s’envoler, et il pensa : « Ah ! je sais bien maintenant pourquoi ma sœur Bouton-de-Rose m’a défendu d’ouvrir cette porte ! Voici que mon repos est à jamais perdu ! » Et il continua à détailler les diverses beautés de l’adolescente nue. Quelles merveilles ! ah ! que ne vit-il pas ! En vérité, c’était, à n’en pas douter, la plus parfaite