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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/52

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les mille nuits et une nuit

couverte de plantes et d’arbustes comme un jardin, et là, sous la clarté miraculeuse de la lune, il vit se dérouler, au milieu du silence de la terre, le plus beau paysage qui ait jamais enchanté les yeux humains. À ses pieds, endormi dans la sérénité, un grand lac s’étendait, où toute la beauté du ciel se regardait, où la rive, avec les rides heureuses de l’eau, souriait par les feuillages balancés des lauriers, par les myrtes on fleurs, par les amandiers couronnés de leur neige, par les guirlandes des glycines, et chantait l’hymne de la nuit de tous les gosiers de ses oiseaux. Et la nappe de soie, resserrée entre des futaies, allait plus loin baigner le pied d’un palais, aux étranges architectures, aux dômes diaphanes, surgi dans la transparence et le cristal des cieux. Et de ce palais s’avançait jusque dans l’eau, par un escalier de marbre et de mosaïque, une estrade royale bâtie avec des rangs alternés de pierres de rubis, de pierres d’émeraude, de pierres d’argent et de pierres d’or. Et sur cette estrade s’étendait, soutenu par quatre légers piliers d’albâtre rose, un grand voile de soie verte qui protégeait de la douceur de son ombre un trône de bois d’aloès et d’or, d’un travail exquis, le long duquel grimpait une vigne aux lourdes grappes, dont les grains étaient des perles grosses comme des œufs de pigeon. Et le tout était entouré d’un treillage en lamelles d’or rouge et d’argent. Et une telle harmonie et une telle beauté vivaient sur ces choses pures, que nul homme, fût-il Khosroès ou Kaïssar, n’eût pu deviner ou réaliser de pareilles splendeurs.

Aussi, Hassân, ébloui, n’osait bouger de peur de