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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/64

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les mille nuits et une nuit

son manteau et, sans songer à sécher leur nudité mouillée et à se vêtir de leurs soieries de dessous, elles s’enveloppèrent de leurs plumes volantes et, rapides comme des gazelles effarées ou des colombes poursuivies par un faucon, elles s’enfuirent éperdument à travers les airs. Et elles disparurent en un clin d’œil, laissant seule, au bord du lac, l’éplorée, la douloureuse, l’indignée Splendeur, fille de leur roi.

Alors, Hassân, bien que tremblant d’émotion, s’élança de sa cachette sur l’adolescente nue qui s’enfuit. Et il la poursuivit autour du lac, l’appelant par les noms les plus tendres, et l’assurant qu’il ne lui voulait aucun mal. Mais elle, telle une biche aux abois, courait, les bras en avant, haletante, les cheveux au vent, affolée d’être ainsi surprise dans sa chair intime de vierge. Mais Hassân, bondissant, finit par l’atteindre : et il la saisit par sa chevelure qu’il enroula autour de son poignet, et la contraignit de le suivre. Alors elle ferma les yeux et, résignée à son sort, se laissa mener sans opposer de résistance. Et Hassân la conduisit dans sa chambre où, sans se laisser toucher par ses supplications et ses pleurs, il l’enferma pour courir sans retard prévenir sa sœur et lui annoncer la bonne nouvelle de son succès.

Aussitôt, Bouton-de-Rose se rendit à la chambre de Hassân et trouva l’éplorée Splendeur qui se mordait les mains de désespoir, et qui pleurait toutes les larmes de ses yeux. Et Bouton-de-Rose se jeta à ses pieds pour lui rendre hommage et, après avoir embrassé la terre, lui dit : « Ô ma souveraine, la